Pour vous montrer un peu le style, voici qq lignes du 1er chapitre: !
Après quelques jours seulement de pratique en remplacement en banlieue est parisienne, je suis contacté par un chirurgien de la clinique proche
par téléphone
(j’y avais adressé quelques bobos….)
« dr Z, il faudrait que vous passiez à la clinique pour récupérer vos honoraires ! »
surprise !il me dit qu’ ayant assisté en tant que généraliste aux interventions des patients que j’avais adressés à la clinique, celle-ci me devait des honoraires pour mes présences opératoires.
La présence opératoire d’un praticien est légalement rémunérée par la sécurité sociale.
Pourquoi ? même si le praticien, généraliste habituellement ne participe pas à la réalisation de l’acte
chirurgical, il est dans l’intérêt du patient,qu’il prenne
connaissance de ce qui s’est passé pendant l’intervention, les constatations, les éventuelles découvertes surprenantes lors de la chirurgie ou peut
participer à des décisions per-opératoires.
Cela a de plus un rôle humain évident, le patient peut se sentir plus rassuré et cela peut aider à la formation continue du médecin.
Je n’avais assisté à aucune de ces interventions !
« ne vous inquiétez pas j’ai signé les livres opératoires
pour vous ! »
Je n’y suis jamais allé.
Cette pratique, découverte ce jour là était d’une grande
limpidité, et voulait dire adressez-moi des patients
en plus cela vous rapportera (sur le dos de la sécu bien sûr).
Comment ne pas entretenir de bonnes relations confraternelles dans ce cas !
Ou encore:Je suis resté très étudiant, à peine quitté mon domicile, je vais chaque jour « au bistrot » prendre un café avant de me rendre en consultation.
Endroit social par excellence que le bistrot. On y entend de tout, les potins du village ou du quartier, les commentaires sur les résultats sportifs , les solutions à tous les problèmes de la société exposés par des milliers « de premiers ministres » potentiels à grand renfort de
« à leur place ,j’ferais . çi…,j’ferais çà ? ? ?
Et souvent :
-« comment çà va ? »
-« comme un lundi ! j’ai pas envie d’aller au boulot ! »
-« va voir MACHIN,il va t’arrêter ! »
Je n’ai jamais voulu devenir machin !
Comment pour le prix d’une consultation, peut-on renier
son métier, ses années d’études et son amour-propre ?
J’ai adopté depuis longtemps un petit « scénario » adapté aux demandes illégitimes.
La scène se passe, effectivement, habituellement un lundi. un patient réclame un rendez-vous urgent et
se présente avec une pathologie mineure ou même
une absence de pathologie.
J’ai l’habitude, dans ce cas, de faire remarquer, au patient que son état de santé ne réclamait pas un acte
urgent et que sa demande pressante était abusive.
Et alors tout s’enchaîne… ;
A petit bobo, petit traitement ou pas de traitement du tout. Et :
-« mais docteur, vous avez oublié de m’arrêter »
-« non pas du tout, vous savez, ce que vous avez, ce n’est pas grand chose et en tout cas ne justifie pas un arrêt »
le ton monte en général:
-« mais c’est que moi, je ne suis pas allé au travail »
-« je comprends, mais il s’agit d’une décision personnelle que vous avez prise, mais que je ne peux couvrir médicalement ,je suis désolé»
parfois ces arguments suffisent et parfois, le ton monte d’un degré dans la demande.
C’est alors, que malgré une éducation de qualité, j’ ai choisi la vulgarité (que j’espère le lecteur me pardonnera)avec des propos toujours identiques
que plusieurs de mes confrères utilisent d’ailleurs depuis.
-« voilà, à ce stade vous ne me laissez que deux solutions, la première je vous accorde l’arrêt et dans ce
cas vous me prenez pour un CON car je suis inapte professionnellement à me rendre compte que ce que vous avez n’est rien !
ou je ne vous l’accorde pas, et dans ce cas vous me prenez pour un SALAUD !
très sincèrement, je préfère que vous preniez pour un salaud que pour un con ! ».
Stupeur,….en dehors de son refus, il est vulgaire le toubib.
Je note dans la fiche de ce patient T.E.A.T (tentative
d’extorsion d’arrêt de travail)et la personne repart.
J’avoue qu’à ce moment là, je coûte cher à la bonne Sécu, car le patient aura vite fait, et le jour même de recommencer son stratagème ailleurs et d’obtenir son « dû. »
Et pendant 150 pages, c'est ça, chaque révélation est plus consternante que la précédente ! Bonne lecture
@+